Le Poids de l'invisible
Le poids de l'invisible réunit trois artistes dont la pratique est une incursion souterraine dans des univers secrets et profonds qui aiment se dérober à nos yeux et palpiter sous la surface. Ugo Schildge, Matisse Mesnil, Marcella Barceló et Mateo Revillo nous font entrevoir une partie de leur regard juste, sensible - et peut-être lucide - sur le fonctionnement de notre âme, de notre mémoire et de notre environnement.
Dans sa nouvelle série, Ugo Schildge propose une lecture des reflets de l'âme. Avec des sculptures en céramique noire qui débordent littéralement des cadres, il met en scène des couples figés dans des moments de vie silencieux, traduisant à travers le béton ce qui est visible d'eux, leur posture, leur présence. Mais c’est dans la matière noire, éclatante et organique, que réside leur véritable essence, leur part invisible. Ce noir profond, presque liquide, évoque ce qui est caché dans chaque relation : les émotions non dites, les conflits, les désirs inavoués, ou simplement ce que chaque partenaire ne perçoit pas de l’autre. Ces reflets sculpturaux, tels des ombres rampantes, s’imposent comme un rappel poignant de ce que le couple tait, de ce qui le lie et parfois le distance. En révélant ces « poids invisibles », Ugo Schildge nous pousse à contempler ce que nous cachons à nous-mêmes et aux autres, en particulier dans nos relations les plus intimes.
Avec Marcella Barceló, nous plongeons dans un autre registre de l’invisible. Ses œuvres révèlent des bribes d’un monde intérieur où les personnages semblent perdus dans une contemplation silencieuse. Entre rêve et réalité, elle explore la fragilité des émotions humaines. Ses figures flottent dans des espaces à la fois familiers et mystérieux, baignés dans des couleurs et des textures qui laissent deviner des pensées et des souvenirs enfouis. Marcella Barceló ne montre jamais tout. Au contraire, elle suggère, elle effleure les sentiments, créant une atmosphère délicate où l’invisible devient palpable, où chaque regard, chaque posture porte un poids émotionnel subtil. Son univers est celui de l’introspection, du non-dit, de ce qui flotte entre les mots et les gestes, dans les replis de l’âme humaine.
Mateo Revillo nous confronte à l’invisible à travers la matière elle-même. Ses sculptures, faites de cire et de ciment, sont des récits muets, des témoignages du passage du temps et des transformations invisibles. Chaque œuvre semble avoir été marquée par des forces souterraines, par des violences oubliées et des processus de reconstruction. Ses créations abstraites, parfois marquées par des brûlures ou des fissures, nous parlent du poids des mémoires cachées, des histoires perdues que la matière retient en silence. C’est une invitation à toucher ces traces du passé, à lire entre les lignes de ce que la surface brute ne laisse qu’à peine transparaître. Mateo transforme l’invisible en une expérience tactile, presque viscérale, où chaque fissure est le reflet d’une douleur, d’une perte, ou d’un souvenir oublié.
Matisse Mesnil, avec son approche unique de la sculpture en métal, pousse le cadre et la représentation au-delà des conventions traditionnelles. Il explore le contraste entre la brutalité des matériaux et la douceur du propos. À travers ses sculptures métalliques, marquées par des soudures apparentes et des formes rugueuses, il capte la tension entre la force et la fragilité. Chaque fissure, chaque marque dans le métal semble être la trace d’une histoire enfouie, d’une émotion silencieuse. Il joue avec l'idée que le visible cache toujours des strates plus profondes : celles du temps, des souvenirs, ou des conflits intérieurs. Ses œuvres nous invitent à toucher du doigt ces traces invisibles, comme des échos de ce qui a été et de ce qui demeure sous la surface.
Le Poids de l'Invisible, nous invite à regarder au-delà des apparences, à sentir ce qui nous échappe et à explorer les profondeurs de notre propre réalité. Les artistes deviennent les guides de cette quête de l’invisible, chacun révélant une facette différente de cet imperceptible qui façonne nos vies. Ensemble, ils nous rappellent que ce que nous ne voyons pas n’est jamais aussi loin qu’il n’y paraît.
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