Mon rapport au monde s’est longtemps fait à travers le prisme de l’angoisse, de l’inaction qui en résulte, et de la violence qui peut jaillir de ce sentiment d’impuissance. Trois aspects qui sont devenus un fil conducteur essentiel de mon travail. Celui- ci se constitue en un ensemble de corps étranges, inquiétants, à la fois puissants et apathiques, des hybrides difficiles à appréhender au premier regard. Il est important pour moi d’intriguer plus que de choquer, et je mêle ces formes dérangeantes à des compositions harmonieuses, presque “séduisantes”. C’est ce mélange entre le “beau” et le monstrueux qui pour moi crée la fascination, en même temps qu’une ambiguïté des volumes, qui oblige à s’attarder sur ceux-ci pour en résoudre l’énigme.

J’aime qu’on soit obligé de se déplacer, de se pencher pour observer mes sculptures, que celles ci ne se livrent pas sans y prêter une réelle attention. Selon l’angle sous lequel on regarde, on peut voir tour à tour une forme inerte et inoffensive, une bête mystérieuse, une menace potentielle, peut-être.