Julien Heintz, né en 1997, est diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2024. Il vit et travaille à Paris.

À travers les documentaires du XXe siècle, Julien Heintz capture des images des personnes ayant participé à ces moments charnières de l’histoire. Il cherche à saisir l’essence des événements marquants de notre époque, enracinés dans ces fragments du passé. A la manière d’un historien du présent, Heintz recherche ces instants de bascule où la grande histoire s’entrelace avec la petite, avant de capturer ces moments sur son écran pour ensuite peindre la complexité et la profondeur de l’expérience humaine. 

Il peint avec beaucoup de concentration et s’efforce d’extraire une signification de ces archives visuelles, révélant ainsi des aspects de notre société actuelle. Julien Heintz examine une variété de moments, allant des essais nucléaires des années 50 aux premières croisières. Ses œuvres témoignent de son désir de saisir l’essentiel à travers des images qui racontent le monde. Les peintures de Julien Heintz offrent peu de contextes, ne laissant voir que le portrait et le titre.  « Je ne dessine pas préalablement, je ne corrige pas les détails d’une peinture ; je peins d’un trait souvent de manière énergique à la recherche d’une authenticité. Si je ne le fais pas ma toile perd son élan, et je recommence par dessus » 

Ce que cherche Julien Heintz n’est pas une photographie figée du passé, mais une image en mouvement. « J’aime me dire que mes toiles ont quelque chose à dire sur le monde. Je crois qu’apprendre à observer est essentiel dans la peinture afin d’en comprendre le monde » 

Il transforme des témoignages de vie, des images d’archives lointaines en un visage universel, familier. Leurs traits semblent sur le point de disparaître, absorbés par la surface de la toile, mettant ainsi à l’épreuve la persistance des souvenirs et leur charge émotionnelle associée. Devant ces figures, le spectateur reconnaît sans pouvoir nommer. Identifie sans pouvoir dénoncer. Les visages anonymes et cadrés en plan serré de Heintz témoignent de sensibilités, des émotions. Leurs traits presque fantomatiques apparaissent comme un souvenir qu’on tente de se remémorer. Comme figés dans un espace-temps autre, qui ne nous appartient plus vraiment. Ses œuvres sont une réflexion profonde sur les moments historiques et leur résonance dans notre présent, dévoilant une vision unique et authentique de la condition humaine. 

La préparation de la toile revêt pour lui une importance particulière. La surface est abordée en tant que matériau unique qu’il prépare avec un gesso fait d’un mélange de poudre de marbre, de colle de peau et d’eau. Cette préparation, ensuite poncée, confère à la toile un aspect lisse, dur et poreux, presque aussi fin qu’une feuille de papier, ce qui en fait un objet unique et fragile. C’est cette fragilité qui le pousse à appréhender d’une manière singulière la surface sur laquelle il peint, à en mémoriser les défauts et les qualités. « Je suis inspiré par l’artisanat Japonais. Cette forme de dévotion accordée au processus de fabrication me fascine. Moi-même dans mon travail ce qui m’entoure est important : mon espace, la qualité des matériaux et les outils que j’utilise. Je mets beaucoup de temps à choisir mes pigments et à les broyer. Je pense avoir une appréhension de la peinture plus physique qu’intellectuelle. »